Séances pédagogiques : question de vocabulaire

15 Septembre 2013

Pour ce (petit) billet de "reprise", c'est plutôt une réflexion que je lance et que je partage avec quelques collègues.

Pour les plus attentifs, vous constaterez que la catégorie IRD a disparu de ce blog.

En effet, comment nommer des séances des classes de 5e, 4e ou 3e que nous mettons en place dans le cadre d'un parcours inscrit dans les emplois du temps des élèves ?Impossible et incohérent de continuer de parler "d'initiation". Même en 6e d'ailleurs, nous faisons, me semble-t-il plus que de "l'initiation" et plus que de la "recherche documentaire".

Le parcours que je mets en place dans mon collège s'intitule "cultures numériques".

Il aurait pu s'appeler :

- "culture numérique". Mais ce n'est pas que ça.

- ou "éducation aux médias et à l'information" (EMI). Mais volonté de la part de la direction, et de moi même, de mettre en avant l'aspect "numérique" justement, et de distinguer ces séances, prévues dans les emplois du temps, des séances que je vais continuer de mener en collaboration avec mes collègues de disciplines.

- ou "éducation à la culture informationnelle, médiatique et numérique". Mais trop long à mon goût.

- ou littératie informationnelle et numérique. Mais j'entends déjà collègues, parents et élèves dire "hein, quoi ?"

C'est donc "cultures numériques" au pluriel. Pourtant, je suis encore mal à l'aise à utiliser ce terme. Sans doute n'est-il pas définitif et sera-t-il amené à être changé pour les années à venir. En attendant, l'expérience est lancée !

Séances pédagogiques : question de vocabulaire

Tag(s) : #Cultures numériques, #Pédago et littératie, #Education aux médias et à l'information (EMI)

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20/10/2013 18:43

Merci Pascal Duplessis et Noël Uguen pour vos commentaires très complets et éclairants. En effet, ce parcours, intitulé "cultures numériques" doit s'inscrire dans une démarche plus globale d'Education aux médias et à l'information. je vous propose de poursuivre ma réflexion sur un nouveau billet de blog, qui se veut une forme de réponse à ce que vous apporter ici comme précisions. Je parle ici de réponse mais il s'agit, comme vous le constaterez, encore de formes d'incertitudes et d'interrogations. http://odysseedln.overblog.com/2013/10/vocabulaire-2.html

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Noël Uguen

13/10/2013 15:30

Bonjour Hélène, La partie de ta progression - passionnante au demeurant- sur la présence numérique, les "QR codes" me semble relever, non de la culture numérique, mais de la culture des médias au sens des "architextes", une notion créée par Yves Jeanneret et reprise par Valérie Jeanne-Perrier- pour souligner comment les outils numériques conditionnent les formats de lecture et d'écriture. Comme le souligne ces auteurs, "ces applications établissent ...des contraintes qui sont libératrices des productions des usagers et elles méritent d’être observées à la fois comme des outils pédagogiques et comme des objets d’éducation pour les médias, les transformations des entreprises médiatiques qui mobilisent l’internet et les technologies numériques". A lire sur http://webtv.ac-versailles.fr/IMG/pdf/960_perrier.pdf Je suis alors d'accord avec Pascal Duplessis quand il rappelle que nous portons la focale au plan pédagogique d'une part sur les notions de document et d'information (dont les supports sont souvent nativement "numériques") et d'autre part sur la notion de médias : nous n'enseignons pas le code ou les algorithmes aux élèves comme nos collègues qui enseignent l'ISN (informatique et sciences du numérique) en terminale. Nous envisageons bien les objets numériques sous l'angle médiatique, en tant que filtres d'accès à l'information (cf ton travail sur les agrégateurs de médias, publié sur ton blog). Par ex , mes élèves de Bts commerce international ont à réaliser un portail de veille "export" : ils ont certes besoin de savoirs sur les flux Rss, la syndication, les agrégateurs de médias, le push/le pull... mais leur cahier des charges est centré sur l'architecture d'un portail Netvibes qui doit répondre au besoin d'information du donneur d'ordre (un chef d'entreprise) : les savoirs numériques ici convoqués ne constituent pas des objectifs centraux d'apprentissage mais de simples outils pour écrire/éditer l'information. En lien avec les mutations engendrées par le numérique, il me semble que l'EMI (éducation à l'information et aux médias) constitue aujourd'hui- en attendant un curriculum- le cadre le plus légitime et le plus explicite pour concevoir nos parcours de formation. Ce cadre permet aussi de prendre en compte des scénarios innovants comme ceux que tu proposes. Merci de partager tous tes travaux qui stimulent la réflexion.

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20/10/2013 18:44

Merci à vous pour votre lecture et ce commentaire.

Bezançon

16/10/2013 22:38

Merci pour ce blog, que je découvre petit à petit et que je compte bien exploiter, et qui me donne aussi le plaisir de lire les réflexions de Pascal Duplessis et de Noël Uguen, toujours stimulantes. Sophie Bezançon, enseignante documentaliste en collège.

Pascal Duplessis

12/10/2013 16:52

Bonjour Hélène, je comprends très bien le point de départ de votre réflexion, mais je vous suis moins dans son aboutissement. Il y a, à mon sens, deux questions en une : la première interroge le terme à utiliser pour qualifier ce que nous faisons, notre « geste pédagogique » : est-ce de l'initiation, de la formation, de l'enseignement ? La seconde concerne la matière que nous travaillons avec nos élèves : est-ce de la recherche documentaire, de la maîtrise de l'information, de la culture de l'information, de l'information-documentation ou de l'information et des médias ? Répondre par « culture(s) numérique(s) » ne répond donc qu'à la deuxième question ,celle qui concerne les contenus. Je vous rejoins donc pour prendre vos distances avec le terme d'initiation, terme datant des années 80, à l'heure où les documentalistes-bibliothécaires, avant le CAPES, formaient les élèves à la technique documentaire, en s'appuyant sur les premiers référentiels de compétences procédurales. Terme désuet, il me semble qu'il a longtemps servi – et sert encore – à éviter de parler d' « enseignement ». Les collègues de mathématiques parlent-ils d'initiation aux mathématiques ? Non. L'initiation renvoie à l'aspect technique, à la méthodologie, tandis que l'enseignement s'emploie pour la transmission-construction de savoirs abstraits. Plutôt que d'utiliser le terme d' « initiation », terme à connotation ésotérique, qui réclame un rituel de probation pour devenir à son tour initié, je préférerais encore celui de « formation initiale ». Pour terminer sur ce point, je relève que l' « initiation » est révélatrice de la manière dont nous pensons notre action pédagogique dans la continuité : les collègues qui l'emploient considèrent généralement que cette initiation se fait en début de cursus, en 6ème, puis qu'elle doit être par la suite mobilisée par les élèves sous forme de « piqûres de rappel ». Outre le fait que, là encore, il ne s'agisse que de technique documentaire, ce terme peu professionnel, plutôt issu du champ de la médecine que de celui de la pédagogie, constitue un autre évitement de l'enseignement. Ce que vous faites, Hélène, me semble en effet plus relever de l'enseignement que de la formation ou de l'initiation dans la mesure où vous donnez la possibilité à vos élèves de construire, au-delà des savoir faire qui permettent d'agir, des savoirs qui permettent de comprendre et de prendre de la distance. La formation et l'initiation s'emploient à des apprentissages techniques, professionnels, et sont en effet propres au documentaliste et au bibliothécaire. L'enseignement serait, lui, davantage réservé à l'enseignant, au professeur. Les documentalistes-bibliothécaires formaient, les professeurs documentalistes enseignent... Aussi cette question, du moins en ce qui vous concerne vous et ceux qui œuvrent à cette approche conceptuelle, me semble réglée. Abordons la seconde question, celle de la matière que nous enseignons. Le CAPES, créé en 1989, s'intitulait « Sciences et techniques documentaires ». Notre discipline universitaire de référence est celle des sciences de l'information et de la communication. Le nom du centre de ressources dont nous sommes (de nouveau) responsables (d'après le dernier référentiel métier) indique que nos objets d'étude sont la documentation et l'information. Ce que nous apprenons à nos élèves, jour après jour, est en effet l'information et le document, au travers de tous ses types et de tous ses supports. Je rappelle que l' « information » n 'est pas seulement documentaire (IST), mais qu'elle peut être aussi journalistique et fictionnelle, que les supports sont indifféremment aujourd'hui papier ou numérique. Dans ces conditions je l'avoue, ces deux objets d'étude me suffisent amplement. Le professeur documentaliste enseigne donc l'information-documentation, dans ses dimensions techniques, ou procédurales (la recherche documentaire, la maîtrise de l'information, l'information literacy, les référentiels de compétences et le Pacifi) mais aussi dans ses dimensions réflexives et déclaratives (notions info-documentaires, réflexion sur les usages, les outils, les processus, l'économie et l'influence de l'information hier et aujourd'hui, la culture de l'information). Sur le cahier de texte, sur les bulletins scolaires devraient ainsi être inscrit, pour le faire reconnaître à tous, non pas « IRD » ou « CDI » (sic!) mais bien « information-documentation ». Pourquoi dès lors aller chercher une appellation comme « culture numérique » ? Pour commencer, dans l'expression de « culture(s) numérique(s), il me semble que le terme de « culture(s) » peut être gênant. Les acceptions de ce concept somme toute assez flou sont multiples et quelques fois mêmes opposées (culture universelle vs culture identitaire, culture savante, élitiste vs culture populaire). Forme-t-on à, enseigne-t-on une culture ? Non, on vit, évolue, réfléchit dans une culture, on s'y insère, on l'intègre et on y participe. Elle nous construit comme on la construit. C'est notre personne entière, dans toutes ses dimensions physiques, psychiques et psychologiques qui interagit avec elle. Aussi ne peut-elle faire l'objet d'un enseignement formel, scolaire. Regardons à nouveau les autres disciplines : le Français contribue à la construction de la culture littéraire des élèves, les Mathématiques, les Sciences physiques et la SVT à leur culture scientifique, l'éducation musicale et les arts plastiques à leur culture artistique. Aucune ne se présente comme la matière d'une culture. Cette présentation des contenus de notre matière comme « culture » me semble dès lors plutôt maladroite. Je serais par contre d'accord pour dire que l'information-documentation favorise l'intégration de l'élève dans la culture de l'information et dans la culture numérique. Il reste le concept de « numérique ». Comme vous l'écrivez, en accord avec votre chef d'établissement, il s'agit de mettre en avant le numérique. Terme promis à un bel avenir, quoique soumis lui aussi aux aléas des modes, après NTIC, TIC, TICE et informatique. Le numérique est devenu notre environnement, et toutes les disciplines, aujourd'hui, ont à évoluer et à se repositionner dans ce contexte. Qu'avons-nous à gagner en enseignant le « numérique » ? Ne nous trompons pas d'objet : l'information, le document, le média sont bien sûr à étudier dans cette évolution qui va de la technologie imprimée à la technologie numérique, au travers notamment de la problématique rupture/continuité, mais ils restent bien nos objets d'étude, et c'est par eux que nous construisons notre regard particulier sur le monde, que celui-ci soit traditionnel ou numérique. La recherche universitaire a, quant à elle, un peu d'avance sur nous. Elle appelle cette hybridation des cultures informationnelles, médiatiques et numériques du nom de « translittératie », concept récent (2005) qui nous propose d'adopter, non plus un point de vue spécifique, cloisonné, disciplinaire sur ces objets en mutation, mais un regard direct, global, intuitif et synthétique. Mais en sommes-nous là, nous, qui tentons toujours -et votre blog le prouve – de didactiser les savoirs scolaires de l'information-documentation ? Il faut noter que l'institution, de son côté, semble s'emparer de la question, proposant, sans pour autant mentionner les professeurs documentalistes ni se rapprocher d'eux, ce qui constitue autant un comble qu'un nouveau reniement de notre identité enseignante, l'expression d' «éducation aux médias et à l'information » (EMI). La page d'Eduscol qui lui est consacré montre bien qu'il s'agit là de traiter de l'information et des médias dans le contexte du numérique. Cette expression d'EMI, si on laisse provisoirement de côté le « E » d'éducation, autre manière d'éviter de parler d'enseignement pour en rester à la transversalité, me paraît tout à fait honnête. Elle rapproche enfin l'étude des médias (EAM) et celle de l'information, ces deux concepts au fondement de l'information-documentation. On se rappelle que dans la circulaire de 86 comme dans tous les projets qui ont suivi, l'EAM a toujours été étrangement relégué dans l'axe « ouverture », sans doute pour mettre à distance de l'axe pédagogique toute idée d'un possible contenu à enseigner. Oui, comme vous nous y invitez en partageant votre questionnement, il nous faut sans doute encore et toujours, un quart de siècle après le CAPES pourtant, questionner notre mode d'action pédagogique et le clarifier enfin, pour nos élèves, nos interlocuteurs et pour nous-même : affirmer que nous enseignons. Oui, il faut sans doute encore et toujours interroger nos objets d'enseignement et la matière qui les organise, et oser prononcer son nom : afficher que nous enseignons l' « information-documentation ». Et moi qui pensais que tout cela était déjà acquis...

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V@l

27/09/2013 20:37

Bonjour LN, la question des mots n'est jamais anodine. J'avoue que je suis comme toi, par exemple je donne quelques fiches outils (fiches méthodologiques) aux élèves que j'intitule "culture informationnelle" mais je trouve que cela "sonne" mal. Quelle est la (ma) véritable motivation? Donner une fiche de synthèse utile et/ou essayer de constituer une discipline pour notre fonction? j'avoue que j'ai parfois du mal à choisir ... l'essentiel étant pour moi au bout du compte de créer des liens entre les différents médias, de faire sens ,.. .de saisir les implications possibles, bref d'être de plein pied dans la culture ... y compris informationnelle!!! Mais aussi comment traiter à égalité la méthode et l'objet du projet (l'extrait de roman, le thème de l'exposé de svt...) sans que l'un ne soit trop au service de l'autre, sans instrumentalisation? Comment faire pour intégrer certains outils numériques à notre progression? Comment ne pas négliger la démarche réflexive ? Ton billet m'interroge... Merci!

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