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L’année dernière, nous avons organisé au collège un EDUMIX, un marathon créatif dont l'objectif était de "remixer" les pratiques éducatives et les environnements d’apprentissage dans le collège.

Une cinquantaine de participants se sont ainsi retrouvés au collège pour deux journées. Parents d’élèves, élèves, enseignants, éducateurs, AVS, artisans, artistes, médiateurs de musées, professionnels de l’éducation, informaticiens se sont regroupés en quatre groupes de six remixeurs aidés et accompagnés par des facilitateurs de l’association Culture Remix mais aussi par des dispositifs techniques et technologiques notamment le Fablab Artilect de Toulouse.

Les quatre projets qui furent proposés lors de notre événement sont présentés en vidéo sur le site Edumix.

  • Aménager une salle de classe pour favoriser la coopération entre les élèves et leurs apprentissages.
  • Définir le contenu d'un système de communication destiné aux élèves leur permettant d'être tenus au courant de l'ensemble des activités et des informations les concernant.
  • Créer un lieu d’échange et de partage des compétences et de savoirs, un lieu de rencontre pour tous les élèves et qui favorise les prises d’initiatives.
  • Co-écrire une charte du vivre ensemble commune à tous et transparente. Celle-ci pourra être validée ou remise en question par un système de sondage.

Ces quatre projets (pour voir le détail c'est ici) ne sont pas sortis de notre chapeau par hasard. Ils sont le fruit d’une réflexion entamée en amont en journée pédagogique par l’ensemble des équipes pédagogiques, éducatives, administrative, de direction du collège. Le projet lui est le fruit de dispositifs mis en place au collège depuis le début des années 2010.

Retour sur une démarche

Les questions liées à l’environnement numérique nous ont pris de plein fouet, comme un raz de marée. Le rapport au savoir a été totalement bousculé dans la société. Quiconque détient un savoir est invité à le partager, à le diffuser afin d’enrichir les savoirs des autres. L’exemple de Wikipédia est sans doute le plus emblématique. Dans le domaine médiatique les autorités traditionnelles sont mises à mal par des phénomènes de désinformation et de théories du complot. En termes d’organisation du travail, l’émergence de lieux nouveaux inspirés de la culture des libristes et du mouvement « do it yourself » intéresse le monde scolaire et le monde des bibliothèques. Ces tiers-lieux restent encore marginaux, dédiés à des outils souvent issus du monde de l’industrie mais qui, tout en se démocratisant, font encore obstacle à des non-initiés. Demandons-nous à quoi sert au quotidien une imprimante 3D, un drone, ou une découpe laser. Combien sauraient répondre ?

Toutes ces questions et bien d’autres encore, je les développe au côté de Marion Carbillet dans l’ouvrage qui va sortir dans quelques semaines A l’école du partage : les communs dans l’enseignement.

 

Pendant quelques années, j’ai cherché comment faire entrer les communs à l’école ? . Posée ainsi, la question s’est avérée incomplète. Identifier des ressources, identifier des activités, identifier des communautés ont souvent aboutit à toucher du doigt que ce n’était pas suffisant pour faire entrer les communs à l’école dans toute leur complexité.
J’ai ensuite cherché à identifier ce qu’on pouvait enseigner des communs : un savoir copier, l’économie du web, le sens du mot partage en ligne etc.
J’ai alors fait vivre cette idée de partage au sein du collège où j’enseigne : en impulsant dès 2014 un groupe de travail entre enseignants, un pédagolab, en amenant des élèves de quatrième dans un fablab, en revisitant les enseignements possibles au CDI avec des apprentissages autodirigés, allant jusqu’à une réorganisation spatiale plus flexible et un enrichissement des dispositifs pour rendre le CDI apprenant.

En parallèle, le monde scolaire, depuis quelques années, parle de classe inversée, de pédagogie coopérative, d’enseignement mutuel ; les pédagogies alternatives ont le vent en poupe. Dans le domaine éducatif, on parle de pédagogie positive, de compétences psycho-sociales, de prise en compte des émotions et des sentiments, de bien être à l’école, de climat scolaire.

Dans cette nébuleuse, il fallait y voir plus clair, démêler les ficelles. Un apprentissage, un enseignement est toujours socialement situé. La question qui se pose est « à quoi sert [cet apprentissage] pour évoluer dans un écosystème mouvant qui autorise la production et la circulation des informations de la culture et des connaissances ? » (Mimi Ito dans Culture participative publiée chez C&F éditions)

« On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré ». Einstrein.
Il fallait donc ouvrir des portes et revisiter certaines notions.

Ainsi, organiser cet Edumix au collège n’a pas été seulement organiser un événement de deux jours. C’est relier deux espaces temps : l’histoire d’un établissement, l’histoire d’une équipe pédagogique et éducative et celle d’un avenir, d’un renouvellement choisi, celle d’une transition éducative rendues inéluctable par l’environnement numérique.

Nous avons choisi la méthodologie proposée par les remix (largement inspirée du design thinking – on pourra lire à ce sujet l’entretien avec Nicolas Beudon sur Doc pour Docs). Pour autant, le design thinking ne peut pas être transposée tel quel à l’école. Pourquoi ? Parce que dans un musée on parle d’usagers, à l’école on parle d’apprenants. Dans un musée ou une médiathèque, on accueille du « public » qui fait une démarche pour « entrer ». Dans nos établissements, nous touchons à toute une tranche d’âge, qui n’a pas toujours choisi d’être là.

Le choix d’une démarche

Parce que le double regard apprendre en faisant, et apprendre des communautés de partage nous semblait la plus complète, la plus « complexe » pour reprendre le terme de Edgar Morin. Un Edumix consiste à utiliser des méthodes de design dans un contexte dans lequel elles ne sont pas nées. La pertinence des outils de la méthode prête parfois à moquerie (les fameux post-it), ou laisse perplexe. Pourtant nous avons choisi cette méthode car elle est utile pour se confronter à des questions dont seul on n’aurait pas imaginé de solution. C’est en reliant un ensemble de regards que la réponse peut émerger, voire de nouvelles questions apparaître. C’est une méthode qui utilise l’observation et l’immersion qui dépasse donc de loin les habituels « quels sont les problèmes », « quels sont vos besoins ».

En choisissant de se greffer au modèle Edumix, on choisit d’adopter leur charte et donc de suivre un certain protocole. Les défis sont prédéfinis, le timing est préétabli.
Edumix et sa méthode nous indique une direction mais sans doute pas « le » chemin à suivre. A nous de nous l’approprier. C’est ce que nous avons essayé de faire…à tâtons. Nous avons découvert avec Edumix, grâce à l’association Culture Remix Occitanie-Pyrénées, une démarche participative. Des individualités, de personnalités, un contexte local favorable, l’histoire du collège nous ont menés dans cette direction mais l’esprit Edumix est-il transférable ? De façon durable ? Quelles compétences sont nécessaires ? 

Un remix en collège : pour quoi faire ?

Les questions soumises au remix sont importantes. Elles doivent faire consensus, elles vont devoir être larges pour ouvrir un vaste champ de solutions et précises pour permettre le passage à l’action.

Il y a trois types de défis à ouvrir pour lesquels la méthode est pertinente comme l’indique le manuel proposé par Synlab :

Défis pédagogiques c’est à dire les façons d’interagir avec les élèves. Quels dispositifs mettre en place pour qu’ils apprennent mieux, qu’ils soient plus motivés et qu’ils puissent faire preuve de persévérance dans les apprentissages ? Réflexion sur les compétences (notamment psycho-sociales) développées dans les temps non formels ? Comment agir sur l’inclusion de nos élèves les plus faibles pour qu'ils ne restent pas en marge ? Comment accepter de lâcher prise sur les attendus pour laisser les savoirs d'élèves se construire dans l'action ?

 Propositions du collège : Comment développer des réseaux d’échanges de savoirs ?

Défis sur les espaces c’est-à-dire comment prendre en compte les pratiques des adolescents pour leur proposer des environnements capacitants ? Comment favoriser les interactions avec les autres et avec l’environnement ?

Propositions du collège : Quel rôle des espaces « autres » dans la motivation des élèves ? Quel rôle pour le makerspace dans l’inclusion des élèves les plus faibles ?

Défis organisationnels (sur le vivre ensemble) c’est-à-dire la manière dont chacun influence l’organisation du collège et son environnement.

Propositions du collège : Quelles sont les compétences (notamment psycho-sociales) développées dans les temps non formels ?

Un remix permet le croisement entre ce que chacun est capable d’apprendre et de faire et ce que l’établissement met en capacité de faire.

Ce qui est intéressant avec ce projet participatif c’est qu’il articule des valeurs communes par la confrontation, la recherche de consensus. Un exemple : le « qui ne dit mot consent » ne fonctionne pas dans notre collège. Il faut donc chercher en permanence cet équilibre, ce consensus. L’organisation de l’Edumix a occupé un temps de chaque réunion de l’équipe de direction pendant plusieurs mois. C’est par la discussion, la négociation que le projet se construit.

Qui avons-nous embarqué ? Nous avons choisi de n’embarquer que les collègues volontaires et nous avons développé des petits collectifs autour de l’organisation de la préparation des contenus, des facilitateurs… Par contre chacun a quelque chose à dire de cette dynamique. Chacun lors de journées pédagogiques est sensibilisé à ces approches différentes.

 Un risque est celui de focaliser sur l’évènement lui-même, sans en avoir de vision à long terme. La dernière phase du remix s’appelle la pérennisation : nous veillons donc désormais à la transmission et au transfert de cette expérience. Personne ne le fera à notre place, et personne ne doit attendre que la pérennisation vienne des autres. Les enjeux peuvent s’estomper si l’organisation scolaire dans son ensemble ne voit dans l’événement qu’une forme d’innovation ou d’opération de communication. Le vrai défi est là ! Il semble essentiel de proposer une appropriation progressive de la démarche de remix : avec des expérimentations entre collègues, avec un groupe d’élèves pour remixer un lieu de l’établissement (CDI, salle de technologie, foyer …)

Pendant une année scolaire, nous avons été formés à une méthode pour concevoir le projet, pas seulement au projet lui-même. En parallèle, j’étais moi-même formatrice au PAF où nous avons décliné la démarche lors de CDI remix autour de la question du CDI capacitant.

Dans un article publié sur le site Doc pour Docs et intitulé “Imaginer le CDI idéal : expérience de CDI-remix en collège”, Camille Ducros, professeure documentaliste, partage son expérience de CDI Remix. Elle présente ses objectifs ainsi :

“Il ne s’agit pas de faire repenser le CDI du collège aux élèves, en travaillant sur ce qui marche ou ne marche pas, mais de demander aux élèves une réflexion créative et imaginative qui peut s’éloigner franchement du cadre du CDI.
Les objectifs d’un tel travail sont divers :
- Développer la créativité des élèves.
- Développer l’ouverture et l’appropriation du CDI aux élèves.
- Développer leur autonomie, leur prise d’initiative et leur rôle de citoyen au sein de l’établissement.
- Écouter pour comprendre un message oral, un propos, un discours, un texte lu.
- Parler en prenant en compte son auditoire.
- Participer à des échanges dans des situations diversifiées.
- Adopter une attitude critique par rapport au langage produit.”

Trois niveaux d’implication ont été proposés :
Organiser des évènements remix en collège : de l’intérêt de développer le pouvoir d’agir
  • L’équipe d’organisateurs est constituée d’adultes du collège. Une équipe en formation grâce aux ateliers proposés par l’association Culture Remix pour préparer le contenu et la forme de l’Edumix.
  • Les équipes de remixeurs ont été constituées le jour du remix. Nous avons veillé à rassembler en amont une diversité de profils.
    Les participants à un remix doivent avoir des profils complémentaires.
  • L’équipe de facilitateurs est constituée de bénévoles de l’association culture remix, de personnels du collège et d’intervenants

4 équipes de 6 remixeurs

Leur rôle est de répondre à une des problématiques qui leur sera posée (préparée en amont par l’équipe d’organisation grâce à l’écriture des besoins des adultes et des élèves) et d’imaginer une solution grâce à la réalisation d’un prototype « physique » ou d’un scénario

Chacun doit être dans une double posture au service du projet collectif ET d’apprenance individuelle.

Organiser des évènements remix en collège : de l’intérêt de développer le pouvoir d’agir

Avant de s’engager, les personnes doivent pouvoir

  • Décider quelle catégorie semble le mieux correspondre à son profil (nous recherchons plus des compétences et des aptitudes que des métiers)
  • Nous dire ce que qu’elles peuvent apporter à une équipe
  • S’engager à incarner dans une équipe son rôle (par exemple, éducation, la personne aura en charge de rendre juste et riche en contenu le prototype ou le scenario)
  • Avoir conscience qu’elle sera aussi dans une posture apprenante

 

Mais aussi des facilitateurs. Leur rôle est d’être au service des équipes de remixeurs.

  • Régulation du travail coopératif.
  • Verbalisation et rétroaction sur le projet en cours.
  • Verbalisation du parcours personnel, du vécu, des émotions pour que l’activité et le projet fasse sens pour chacun (vie perso et pro)  et pour la production.
  • Veiller aux apprentissages de chacun des remixeurs (renforcement de compétences déjà la mais également.
  • Veiller à l’avancée du projet.
  • Mettre à disposition leurs compétences et expertises en renfort des équipes.
  • Avoir conscience du rôle d’accoucheur des remixeurs.
  • Veiller aux remixeurs décrocheurs et proposer des remédiations.

 

Un autre exemple de projet remix dans une salle de technologie

Mené avec un collègue enseignant de technologie avec une soixantaine d’élèves de quatrième (dont des élèves de SEGPA) nous avons organisé un technoremix (remix d’une salle de technologie – SIC !) en amont (quelques mois avant) de l’Edumix. Cela nous a permis de nous saisir de la démarche. Voici le déroulé sur une matinée qui s’inspire de la méthodologie du design thinking extraite du manuel téléchargeable sur le site Synlab.

La question posée était “Comment intégrer les technologies du makerspace (imprimante 3D, drone) au sein de l’établissement et plus spécifiquement au sein de la salle de technologie ?” afin qu’elles irradient l’ensemble des enseignements. Dans notre collège, le Makerspace est un support pédagogique d’un enseignement pratique interdisciplinaire (EPI), « Dessine-moi un drone » en classe de quatrième intégrant la technologie, l'art plastique, l’éducation physique et sportive et l’éducation aux médias et à l’information. Ce Makerspace intègre des technologies diverses qui ne doivent pas s'arrêter aux portes de la classe de technologie mais rayonner dans l’ensemble de l’établissement. Le domaine 3 du socle commun incite à de telles démarches “Les disciplines scientifiques et technologiques notamment peuvent engager dans des démarches de conception, de création de prototypes, dans des activités manuelles, individuelles ou collectives, des démarches de projet, d'entrepreneuriat.” Marion Dugenet, professeure documentaliste nous rappelle sur le site Doc Pour Docs ce que peut être un makerspace en collège : « lieu de création, fabrication, réparation où chacun pourrait imaginer et mener à bien un projet en ayant accès à du matériel, à un espace dédié et aux compétences d’autrui ». Et elle ajoute combien il peut être un support intéressant pour développer le pouvoir d’agir des élèves en permettant l'expression de leur créativité : “la créativité est la capacité de partir d’un objet, d’une idée, et de les transformer pour en faire quelque chose de mieux, ou au moins de différent et d’utile. C’est aussi quelque chose qui se travaille et qui n’est pas seulement tributaire de connaissances scolaires. Chercher à développer la créativité chez les élèves, c’est essayer de leur donner une chance de plus de s’épanouir dans la voie qu’ils auront choisie. En étant créatif on peut tenter de changer les choses dans sa vie professionnelle ou personnelle, essayer de ne pas les subir. Il est aussi important de leur montrer qu’on peut être créatif dans des domaines artistiques mais aussi scientifiques et techniques.”

 

Organiser des évènements remix en collège : de l’intérêt de développer le pouvoir d’agir

Étape 1 : Faire émerger des idées

Le rôle des enseignants est ici de centrer les idées, de les regrouper. Pour faire émerger un nombre restreint de thématiques nous demandons aux élèves de voter pour celles qui leur plaisent le plus.

On part des besoins exprimés par les élèves, de leurs désirs. Cette étape est d’autant plus efficace que les élèves ont appris à exprimer leurs besoins dans le cadre de séance d’EMI, d’EMC par exemple. Sans cela, notamment avec les plus jeunes, cette phase risque de rester très superficielle. Souvent les élèves expriment des idées paradoxales. Par exemple, dans le cadre du technoremix les élèves ont souligné un besoin d’aménager au sein de la classe différents espaces : un espace d’enseignement “traditionnel” avec des tables disposées face à un tableau pour que ‘l'enseignant dispense son cours », un espace avec des tables en îlots pour travailler en groupe et un espace de détente où il serait possible de s’isoler. D’autres élèves expriment le besoin de s'approprier les espaces avec l’envie de pouvoir proposer une fresque colorée. Enfin, les élèves ont l’envie de pouvoir accéder aux ressources, matériels, et équipement du makerspace en dehors de leurs heures de cours. Rappelons que chaque élève n’a accès à la salle de technologie que 1h30 par semaine, ce qui correspond à l’emploi du temps officiel.

Les élèves formulent leurs besoins grâce à des techniques de créativité. Nous posons la question “Si tu avais une baguette magique qu’est-ce que tu changerais ?” Un élève qui verbalise le souhait de mettre un manège à cheval au milieu de la salle a-t-il peut être en réalité le besoin de vivant et on pourra y répondre par la présence d’un poisson rouge ou même d'une plante. Le besoin de fauteuils confortables et de détente, être le reflet d’un besoin de casser la posture assise. Pour aider à analyser les idées, on se réfère au site Remixonsdoc proposé avec des professeurs documentalistes de l’académie de Toulouse qui détaille ces principaux besoins : d’expression, d’autonomie, de détente, de libération de la posture scolaire, d’adaptation, de modularité du lieu, de développement des interactions et les échanges entre élèves, de partagerson savoir et/ou ses passions. On s’est également aidé du travail de Corinne Laval, professeure documentaliste en collège, qui a organisé un CDI remix et qui nous propose une synthèse des idées exprimées par les élèves.

Étape 2 : Les équipes se constituent autour des idées

C’est une phase de convergence et de recherche de consensus. Le plus difficile pour des élèves collégiens c’est de constituer ces équipes par compétences complémentaires et non par affinité.

Étape 3 : Faire émerger d’idées concrètes pour la réalisation d’un prototype

La présence d’un facilitateur (ce peut être un adulte mais aussi des élèves) est indispensable dans chaque équipe. Il est là pour éveiller l’imagination et la créativité de chacun et doit avoir conscience de son rôle “d’accoucheur du projet”. Ici encore, les élèves habitués à travailler en situation de coopération seront mieux armés pour réaliser cette confrontation d’idées. Ils peuvent par exemple produire une liste des ressources nécessaires pour la mise en place de leur solution, des compétences du groupe, du matériel disponible.

Étape 4 : Fabrication

Les élèves doivent imaginer, casser des murs, ajouter des espaces, imaginer des extensions de la salle de technologie. Nous avons choisi de mettre à disposition les logiciels de modélisation utilisés en classe (sweet home 3D, sketchup ou scratch) et les plans des salles. Nous aimons ces phases sensibles où les élèves se déplacent, bougent le mobilier, se positionnent physiquement. En faisant, en bougeant, les idées émergent d’autant plus facilement. Ils s’entraident pour être efficaces. Ce défi fait parfois naître dans les groupes des tensions mais suscitent le plus souvent une véritable émulation collective.

Étape 5 : Présentation du prototype

La présentation des prototypes est un moment important : chaque équipe veut voir son projet aboutir dans le temps imparti. La présentation dans le cadre du techno remix s’est faite via un support diaporama (par manque de temps) mais une présentation “in situ” où on peut voir la nouvelle disposition des espaces est toute aussi pertinente et a même largement ma faveur. Il faut se garder ici de mettre les équipes en concurrence, ce serait contraire à l’esprit de coopération.

Étape 6 : Réfléchir plus loin

Chaque idée étant bonne à prendre, nous demandons à chaque élève, de façon individuelle, non pas de choisir un projet mais une idée à retenir parmi l'ensemble des présentations. Cette étape ne doit pas être occultée. Elle est un temps de bilan personnel et collectif. Elle doit avoir lieu sur un temps long. On peut y revenir une semaine, un mois, un an après le remix pour voir ce qui est ou sera réalisable concrètement.

Qu’avons-nous appris de l’Edumix ?

Si on en reste à la formation, si on en reste à l’émergence de solutions, le risque est grand d’en rester à l’expérimentation sans aucun effet durable. C’est une prise de conscience individuelle et collective à avoir sur ce point, et c’est elle seulement qui assurera la pérennité de la démarche. Nous devrons veiller collectivement à ce que le projet fasse sens de façon individuelle pour chacun des acteurs du collège. Le relais de l’équipe de direction est en ce sens crucial. Mais plus encore on change les choses si on sait les nommer, les mettre en tension et cela tout au long de sa vie.

Nous avons appris lors de cette expérience combien proposer ce type de projet collectif aide à la prise de conscience d'un pouvoir d'agir sur son environnement. Il ne s'agit donc absolument pas de se cantonner à un pouvoir d'agir individuel ou collectif mais bien d'insuffler une envie de transformer, avec d'autres, son quotidien d'enseignants et enseignantes. Adultes et élèves dans un même mouvement d'apprenance.

 

Tag(s) : #Communs, #Collaboratif
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