Des controverses numériques en 3e : faire se questionner les élèves sur leurs pratiques numériques

2 Juin 2013

Quelques échanges avec l'auteure du blog Débats et idées ("Des articles de presse lus par une professeure documentaliste pour des collégiens") et me voilà proposant une suite à la séance sur les controverses, cette fois-ci avec ma collègue de français.

Je ne reviens pas ici sur l’intérêt d'enseigner les controverses mais rappelle :

- le billet de Marion Carbillet qui développe " En quoi l’étude de controverses permet-elle de développer chez nos élèves une culture numérique ?". J'ai appliqué sa " recette " lors de cette séance.

- Un scoop.it sur les sujets de controverses : comment et pourquoi enseigner les controverses ?

J'ai demandé à chaque élève de choisir un des billets du blog "Débats et idées". Ce libre choix a permis aux élèves de s'orienter spontanément vers un sujet qu'ils connaissent donc à priori puisque faisant partie de leur environnement (portable, Facebook, jeux vidéo, réalité augmentée...).

Tous les élèves ont travaillé sur un pad commun sur lequel nous étions tous (moi compris) connectés en même temps. Les élèves devaient dans un premier temps prendre des notes (document de collecte).

A partir de cette collecte, ils ont répondu à la question formulée à la fin de chaque billet, en argumentant leur propre point de vue.

Dans un second temps, les élèves ont été amenés à ouvrir les liens proposés dans chaque billet pour compléter leur propre point de vue et trouver d'autres arguments à la controverse.

En parallèle, chaque élève a complété une cartographie des acteurs et des autorités s'exprimant sur la question.

L'objectif de publication était d'écrire un commentaire qui a été ensuite publié sur le blog "Débats et idées".

Pourquoi avoir choisi un pad ?

D'abord pour permettre aux élèves travaillant sur le même billet de pouvoir échanger leur point de vue, et débattre. Ensuite, étant moi-même connectée, j'ai pu en direct corriger l'écriture des billets, en questionnant les élèves, en les poussant à aller plus loin dans leur réflexion.

Enseigner les controverses numériques, c'est donc, en s'appuyant sur l'argumentation, donner une culture numérique et informationnelle aux élèves à travers des questionnements sur les outils et les usages qu'ils en font.

Plusieurs professeurs documentalistes se saisissent de ces questions et ne se sentent donc pas si "désemparés" que ça (pour reprendre le terme utilisé dans cet article). Pas désemparés mais emplis "d'incertitudes" sur lesquelles il est nécessaire de se questionner. Les thèmes des controverses nous font avancer sur des sables mouvants mais partir des pratiques des élèves, pour les amener à se questionner sur les sources, les autorités, est une voie qui me semble intéressante à explorer pour développer leur esprit critique.

Tag(s) : #controverses, #Cultures numériques

Quelle urgence à enseigner les médias et pas seulement enseigner avec les médias...?

Un réseau social pour un défi lecture : présence numérique assumée

Commenter cet article

Muriel Almayrac

03/06/2013 16:54

Merci Hélène pour ce billet. La manière dont tu as appréhendé la séance me paraît des plus pertinentes. L'utilisation du pad est judicieuse puisqu'elle permet une interaction entre les élèves qui réagissent sur un même billet. En tant que professeur documentaliste, elle m'interpelle sur plusieurs points : 1. Il me paraît primordial comme toi de faire réfléchir les élèves sur les sujets de controverses liés à la culture numérique. En effet, la plupart du temps, l'école est éloignée des usages des élèves dans ce domaine. Les réseaux sociaux sont souvent inaccessibles dans le cadre scolaire, les téléphones portables sont interdits dans l'enceinte du collège et il est hors de question de permettre à des élèves de jouer à des jeux vidéo ressemblant à ceux qu'ils utilisent chez eux à l'école. Comment alors les informer et les former sur ces sujets là ? N'est - il pas important qu'ils s'interrogent sur la géolocalisation, la violence des jeux vidéo ou encore leurs pratiques des réseaux sociaux ? Les inciter à débattre, à se questionner est certainement une des solutions à ce paradoxe. Personnellement, j'ai beaucoup appris en préparant les billets du blog, mais j'aimerais savoir quel est le ressenti des élèves après ta séance. Ont-ils été surpris ? Ont -ils appris des choses ? Ce travail les a-t-il intéressés ? Seraient -ils prêts à proposer des articles ? Y a - t il des thèmes qui les interpellent et qui n'ont pas été traités ?... 2.Il faudrait réfléchir à une façon d'aborder ces sujets dés la 6°. La lecture des articles du blog me paraît difficile en début de collège, aurais - tu des suggestions par rapport à ça ? De la même manière, on s'aperçoit, à la lecture des commentaires de tes élèves, qu'ils sont habitués à ce type d'exercice. Pourrais - tu nous dire combien de séances sur les controverses ils ont fait auparavant, y compris, dans les classes précédentes. 3. Quel est le retour du professeur de français concernant ce travail ? A -t-elle senti que le sujet favorisait leur argumentation ? Je terminerai en te disant un grand merci. Merci également à tes élèves pour la qualité de leur travail.

Répondre

03/06/2013 20:37

Merci Muriel pour ce commentaire. Quelques éléments de réponse à tes questions. 1- Les élèves ont énormément apprécié de travailler et réfléchir sur ce type de thèmes (bien plus que sur les controverses liées au lait ou à la disparition des abeilles de la précédente séance). Pas vraiment étonnant. La plupart m'ont dit n'avoir rien appris en terme de contenu mais était surpris de lire que des scientifiques (ou plus généralement des adultes) s'intéressaient à ces sujets. 2- J'ai tenté très modestement cette année d'aborder la controverse en 6e. http://odysseedln.overblog.com/identite-numerique-controverse. Il est évident qu'il faut poursuivre dans les différents niveaux. Je compte réfléchir à une progression pour l'année prochaine. Cette année, les élèves de 3e auront donc eu 3 séances sur les controverses, mais en faisant plus de liens entre ce que nous avons fait en SVT et ce qui se fait autour de l'argumentation en français, nous pourrons, je pense, y consacrer 1 ou 2 heures de plus.