Voilà maintenant plusieurs jours que ce billet est en « maturation ». Je crois qu'il n'est pas prêt d’être « mûr » alors je le livre tel quel sur ce blog . Avec ses (trop) nombreuses imperfections de vocabulaire (encore !), avec une pensée pas tout à fait claire mais je suis sûre que les retours que je vais en avoir permettront, une fois encore, de faire avancer ma pensée et mon incertitude (A. Cordier).
D'avance, je m'excuse donc, si ma pensée vous parait confuse et brouillonne.
Ce billet est une réponse aux commentaires laissés sur un précédent billet « question de vocabulaire ». J'ai fait le choix de cette réponse ouverte dans un billet tant les pistes proposées me paraissent essentielles.
Pas évident de formuler une réponse concise devant tant de portes ouvertes.
La question du choix sur le terme de « cultures numériques » pour désigner la mise en place d'un parcours pour les élèves de 5e et 4e, en plus (ou en parallèle des ou comme partie des) des traditionnelles séances d'EMI (Education aux médias et à l'information) n'est pas tranchée.
Je me dois cependant de bien repositionner les choses dans leur contexte.
Il ne s'agit pas ici de renommer l'ensemble des séances pédagogiques que nous, profs docs, pouvons mener, parfois seuls, parfois en collaboration avec des collègues de disciplines, mais il s'agit de réfléchir à l'appellation d'UN parcours (ou module, ou cours) dans UN collège.
Presque deux mois après sa mise en place, je me rends compte que le terme de "cultures numériques" ne me satisfait pas totalement. Pourtant, il reste le plus accessible dans ce cadre-là où le but est de trouver un terme clair, porteur de sens pour les élèves, les parents et les collègues.
Alors certes 2 mois après, je trouve ce terme trop réducteur et imparfait, mais je n'ai aucun regret à l'avoir apposé dans les emplois du temps des élèves de 5e et 4e.
La première séance de ce parcours a été justement un brainstorming sur cette notion de culture numérique : ce qu'ils attendaient, ce qu'ils pressentaient, ce qu'ils aimeraient
L'ambition avec ce terme encore aux contours très flous (entre des savoirs et des pratiques) n'est pas de définir un contenu d'enseignements. C'est juste d'apposer une étiquette lisible et compréhensible pour la communauté de « mon » établissement.
Par contre, il me pousse à me questionner sur le contenu. En effet, rien de construit, rien de figé, ni de stabilisé. Ceci est à la fois d'une grande souplesse et d'une grande richesse et en même temps, cela m'amène sur un terrain mouvant et instable.
Il ne s'agit pas ici d'enfermer ce que nous enseignons en le restreignant au numérique qui n'est en effet qu'un support.
Mais bien de prendre toutes les dimensions, complexes, de ce que notre Institution nomme Education aux médias et à l'information (EMI). Ce dernier terme pose un cadre mais reste à être, lui aussi, défini de façon précise d'autant plus que nous n'y sommes pas (encore) associés directement.
Ce que j'enseigne évolue. Info-documentation : oui. Info-communication : oui aussi. Info-code : nous ne sommes pas des enseignants d'informatique, mais la compréhension et l'analyse de ces codes ne permet-elle pas de développer ce regard critique ?
Pascal Duplessis, écrit : « Ne nous trompons pas d'objet : l'information, le document, le média sont, bien sûr, à étudier dans cette évolution qui va de la technologie imprimée à la technologie numérique, au travers notamment de la problématique rupture/continuité, mais ils restent bien nos objets d'étude, et c'est par eux que nous construisons notre regard particulier sur le monde, que celui-ci soit traditionnel ou numérique ».
Nous contribuons donc, à travers cela à l'acquisition d'une culture informationnelle ET d'une culture numérique.
Je ne peux plus (mais peut être que je me trompe) envisager l'un sans l'autre.
Ce n'est pas renier le papier que de dire cela.
Dans notre académie, la « lecture sous toutes ces formes » n'est-elle pas au cœur de le politique documentaire cette année ?
Je crois que cette histoire de vocabulaire est loin d'être tranchée (en témoignent les 44 mails échangés en 3 jours à ce sujet avec quelques collègues)
Par contre, il me semble essentiel de faciliter pour nos élèves les conditions pour une appropriation à la fois technique et citoyenne de cette culture numérique dans laquelle ils évoluent.
Le numérique ne fait que transformer nos outils et notre façon d'accéder à l'information, il bouleverse profondément notre enseignement et semble me porter vers ce que certains appellent déjà culture humaniste (Milad Doueihi, Pour un humanisme numérique).
Du commun à la culture humaniste, en passant par le numérique : une autre porte qui s'ouvre ?